Kate Barry


Fille de John Barry et Jane Birkin, Kate Barry [1967-2013] débute sa carrière de photographe en 1996. Les commandes pour la mode et les magazines font sa renommée et son œuvre participe de la construction de l’imaginaire d’une époque [campagne mère-fille pour le Comptoir des Cotonniers, les portraits d’actrices lors de la sortie de 8 femmes de François Ozon…].
 
 Malgré les contraintes des commandes, Barry impose son regard, ce qui l’autorise à développer des projets plus personnels. Celui consacré aux salariés du Marché International de Rungis fera date mais son œuvre autour du paysage est celle où elle exprime le mieux sa sensibilité. À l’opposé du clinquant des magazines, des impératifs des commandes et de la médiatisation de sa famille, Barry y propose des atmosphères dépouillées, faites de poésie et de subtilité, à la fois mélancoliques et oppressantes.
 
 En 2021, la famille de Kate Barry a donné au musée Nicéphore Niépce l’intégralité de ses négatifs [couleur et noir et blanc], sa production numérique, ses planches-contact, une sélection de tirages ainsi que ses deux principales expositions [Bunkamara Gallery, Japon, 2000 et Arles, 2017].

Les archives de Bertrand Meunier rejoignent le musée


Le musée Niépce accueille en dépôt le fonds photographique de Bertrand Meunier, membre du collectif Tendance Floue.
 Convaincu que la compréhension de l’œuvre d’un photographe ne peut se faire que sur le long terme et par une étude exhaustive de son travail, le musée se donne plusieurs années pour numériser les 6500 reportages du photographe (négatifs et planches contact) et mener des recherches en étroite collaboration avec l’artiste.

Magazine culturel suisse Du


Le musée poursuit l’enrichissement de ses collections de revues illustrées par la photographie par l’acquisition d’un nouvel ensemble, les 16 premières années du magazine culturel suisse Du (1941-1957). Fondé par Arnold Kubler, le mensuel, dans des cahiers thématiques remarquablement imprimés en héliogravure, s’attache à retracer l’histoire de l’art et de la culture, et publie de nombreux reportages sur  l’actualité sociale et politique réalisés par des photographes tels que Werner Bischof, Emil Schulthess, Jacob Tuggener, Paul Senn .

 

Vue de Givry par Petiot-Groffier, vers 1855


Industriel, maire de Chalon-sur-Saône, Fortuné-Joseph Petiot-Groffier est aussi photographe amateur, élève de Baldus et praticien du calotype. Le musée conserve plusieurs clichés de ce co-fondateur de la Société Française de Photographie. Cette photographie anonyme, sur papier salé, représente une vue de Givry, commune limitrophe de Chalon-sur-Saône. Le sujet, la technique employée ainsi que le format suggèrent une attribution de cette épreuve à Petiot-Groffier.

 

"Rêves de Noël" par Vignola


Ces photomontages des années 1930, sont constitués de photographies de studio découpées et montées dans des paysages ou décors qui sont eux-mêmes des photos de dessins à la gouache. Ils étaient destinés à la réalisation de diapositives de projection éducatives (enseignement catholique, patronages). La qualité des photomontages, la précision des rehauts, le soin apporté à la mise en scène font de ce lot un ensemble rare quant au caractère instructif voir prosélyte et propagandiste de la photographie.

 

« Mur » publicitaire d’un décorateur de théâtre


De grand format (37 x 50 cm), sans auteur identifié, cette photographie représente un mur d’affiches de théâtre avec quelques décors miniatures déposés devant ce mur. Ces affiches ne sont pas illustrées par la photographie, ne sont d’ailleurs pas illustrées du tout. Par contre sur certaines, on remarque des écritures ajoutées à main levée sur le tirage. Sur les affiches où l’information est reportée, on constate que le nom du décorateur est encadré au crayon rouge. On devine que tous les spectacles dont les affiches figurent sur la photographie ont vu leur décor signé par un même décorateur, en l’occurrence Pierre-Henri Ganne. Ce tirage fait figure de carte de visite pour ce décorateur qui met en scène une accumulation d’affiches – objets si peu photogéniques - afin de faire connaitre son expérience professionnelle.

 
 

Photomontages patriotiques pour l’édition de cartes postales, Première Guerre mondiale


Achat avec participation du FRAM et mécénat Maison Veuve Ambal, 2013

Photomontages extrêmement retouchés, ces photographies sont destinées à une exploitation sous la forme de cartes postales patriotiques durant la Première Guerre mondiale. Ce corpus permet de comprendre les procédés de production de ce type d’images entièrement fabriquées pour des motifs de propagande : rassurer le soldat et sa famille, insister sur la défense du cocon familial, entretenir un sentiment de légèreté à mesure que le conflit dégénère, intégrer au sein même de la famille les dernières prouesses techniques de l’industrie française pour accélérer la défaite de l’ennemi.

 
 

Calendriers publicitaires, 1930-1970


Achat avec participation du FRAM

Dans les années 30, la publicité s’empare de la photographie, notamment sous l’impulsion des besoins des industries modernes, telles la pharmacie ou l’automobile. Ces industries créent notamment des magazines dédiés à leurs ouvriers et à leurs clients, richement illustrées (Fiat, laboratoires Debat). Pour accompagner ces nouveaux besoins, des départements photographiques sont créés au sein des agences publicitaires et les techniques d’impressions évoluent. Dès lors, il devient plus aisé d’intégrer la photographie et ses expérimentations à la publicité. Les graphistes et les typographes incluent plus naturellement les nouveautés induites par la photographie à leurs compositions (surimpression, solarisation etc.). Le même phénomène se produit durant les Trente Glorieuses. La généralisation des procédés couleurs et les nouvelles possibilités pour les restituer à l’impression rendent désormais indispensable l’emploi de la photographie pour porter un discours publicitaire.
Ce lot d’agendas, de semainiers et de calendriers, de près de 100 pièces, de la fin des années trente à la fin des années 70, montre cette généralisation de l’utilisation de la photographie dans la publicité à travers l’exemple d’objets souvent offerts par les marques, en récompense de la fidélité des clients ou destinés à raffermir le lien qu’entretient l’industriel avec ses employés.

 

Revues Art et Médecine et Revue du Médecin, 1930-1938


Revues éditées par François Debat, photographies de Kertesz, Krull, Feher, Moral, Steiner

Mécénat Maison Veuve Ambal, 2013

Confidentielles, parce que réservées aux médecins, mais luxueuses, car commanditées par les laboratoires pharmaceutiques en plein essor, ces deux revues étaient richement illustrées par les photographes avant-gardistes des années 30, Germaine Krull, François Kollar, Emmanuel Sougez, André Kertesz, Brassaï, René Zuber, Roger Schall ou Man Ray, sur des textes de Colette, Francis Carco, Pierre Mac Orlan. A ce titre ces revues constituent des objets d’étude essentiels pour l’histoire de la photographie. Elles s'imposent comme une véritable vitrine pour les photographes de la Nouvelle Vision, qui sont sollicités aussi bien pour l’illustration de reportages que pour la publicité. Un soin particulier est apporté à la qualité de l’impression et à la mise en page.

Le Stand de Tir, 1944-1945, Planet News Ltd

Mécénat Maison Veuve Ambal, 2014

De petit format, panoramique, cette photographie est un témoignage rare d’un épisode tragique de l’Occupation. Ce tirage de presse, accompagné de sa légende, montre le tristement célèbre stand de tir, localisé sur un terrain du Ministère de l’Air, à la frontière de Paris et d’Issy-les-Moulineaux.
Fondé en 1938 pour la formation des policiers, ce stand de tir est détourné de son utilisation première par les Nazis, qui en font un lieu de torture, d’expérimentations et de mise à mort. Malgré la mise au secret du site, le stand de tir d’Issy-les-Moulineaux est aussi connu que le Mont Valérien comme lieu d’exécution des basses œuvres de la Gestapo.
A la Libération, le lieu est re-découvert, notamment par le commissaire de police Danty et le photographe Roger Schall. Ce que ces hommes découvrent, les potences déchiquetées par les balles, les traces de mains sur les murs, les cartouches de Zyclon B, confirment les rumeurs. La présence de cercueils, renfermant des corps, montrent que jusqu’au bout les Allemands ont continué d’utiliser ce lieu pour éliminer les Résistants.
Plusieurs clichés similaires, avec les mêmes personnages, sont connus par leur diffusion dans la presse. Cette photographie d’agence illustre cette journée de prise de vue destinée à faire connaitre les sévices commis par les nazis durant l’Occupation.

 
 

Planche et étui de Polyfoto, années 1930

Don de Michel Frizot

Historien de la photographie, Michel Frizot a accumulé au cours de sa carrière
de nombreux ensembles de photographies, de toute époque et toute technique.
Ce matériel lui a permis de penser et d’écrire différemment l’histoire de la
photographie et d’étendre les champs de recherche qui y sont associés.
Il a récemment donné au musée Nicéphore Niépce une partie de ces archives
dont un important ensemble de Polyfoto , procédé de prise de vue mis au point
en 1933. Proche du photomaton par l’aspect des planches, les Polyfotos  
étaient cependant réalisées sur une plus longue séquence. Les planches étaient
destinées à être découpées pour obtenir des petits portraits. Un sélecteur fourni
au client lui permettait de choisir un portrait en vue de son agrandissement.

 

Paul Arico, entre 1935 et 1938


Don de Madame Elise Arico, fille de l’auteur

Immigré italien, diplômé de sciences à Grenoble en 1920, puis enseignant à Paris jusqu’à sa retraite, Paul Arico exerce la photographie comme professionnel de 1936 à 1939. Exposé galerie Magné, à Paris, au côté de Laure Albin-Guillot, Brassaï, Tabard, Landau, il interrompt ses activités de photographe au début de la guerre, puis couvre la libération de Paris en 1944 et le procès de Pétain en juillet 1945. Très bon technicien, jouant avec les perspectives, couvrant des moments essentiels de l’entre-deux-guerres et de l’après-guerre, Paul Arico propose un travail dans un esprit proche des avant-gardes photographiques de l’époque.

 

Léon Collin, Bagnards, entre 1906 et 1935

Don de Philippe Collin, petit-fils de l’auteur

Le médecin militaire Léon Collin débute sa carrière en accompagnant un transport de prisonniers vers la Guyane. Il s’occupe des forçats durant quatre années avant de poursuivre son activité en Nouvelle Calédonie, où il assiste aux derniers moments du bagne dans les années 1910-1920. Durant ces années, il réalise une série de photographies destinées à illustrer les témoignages qu’il recueille auprès de chacun des forçats. Ces « interviews » sont diffusées anonymement dans plusieurs magazines pour dénoncer la cruauté du bagne.

 

Horace Roye, Pin-up, années 1950


Acquisition avec l’aide du FRAM

Horace Roye débute sa carrière de photographe 1930 après avoir mené une vie d’aventurier, qui lui doit notamment d’être expulsé d’Afrique du Sud pour trafic de diamants. Il ouvre un studio à Chelsea en 1929 et acquiert une certaine renommée à la fin des années 1930 en photographiant des nus, publiés dans des revues ou commercialisés par correspondance. Après-guerre, il collabore avec l’industrie du cinéma, en adaptant les poses sensuelles des actrices à la pudeur de l’époque.

Autochrome, Anonyme, Paris, vers 1930

Mécénat Maison Veuve Ambal, 2012

"Diapositive" couleur sur plaque de verre, l’autochrome est un procédé inventé par les frères Lumière en 1904 et commercialisé de manière industrielle à partir de 1907 et ce, jusqu’en 1935.
Ce procédé remporte un vif succès populaire, au point de contester et supplanter toute concurrence malgré les nombreux brevets déposés durant sa période de production par d’autres sociétés. Il reproduit les couleurs par synthèse additive : application d’un réseau de fécules de pomme de terre teintés de pigments orangés, violet ou vert sur lequel est disposé une fine émulsion photographique en noir et blanc. Les autochromes étaient visionnés par projection ou à l’aide de dispositifs spécifiques.

Le musée possède une importante collection d’autochromes, notamment la collection Jules Richard (environ 1 500 autochromes stéréoscopiques).

Cet autochrome nouvellement entré dans les collections présente la singularité de proposer un sujet extrêmement moderne : deux femmes, "deux amies", qui ne posent pas et sont habillées de façon  audacieuses. La coupe de cheveux est moderne, la tenue est libre et ose dévoiler la peau, les lunettes deviennent accessoires ; c’est l’époque d’une certaine libération de la femme, de l’essor de la mode féminine, de l’abandon des contraintes et des corsets. Le corps de la femme s’émancipe des carcans bourgeois.

Cet autochrome isolé, singulier par son sujet, mais témoin d’une époque touchée par la modernité, s’inscrit comme un contrepoint nécessaire à la pratique classique de l’autochrome tel que représentée dans les collections du musée.

 

Lot d'albums de photographies amateurs, 1920-1935

Acquisition avec l'aide du FRAM

Cet ensemble de sept albums est exceptionnel quant à la thématique proposée : il s’agit d’albums composé d’environ 1 200 photographies illustrant la vie d’un homosexuel et de ses amis, dans les années 1920 - 1930. Le premier album raconte l’enfance du protagoniste principal des albums et présente des photographies de son cercle familial proche. Les six autres sont des compilations chronologiques de voyages, de scènes du quotidien, de jeux, de fêtes. La plupart des photographies ont été réalisées en Suisse, quelques unes en France.

Les six albums montrent une homosexualité assumée, dans des lieux publics notamment et présentent tous les archétypes de l’homosexualité : le portrait de marins en uniforme, de soldats, de boxeurs, de lutteurs, de travestis.
Formellement, les photographies répondent à une esthétique du corps qui renvoie vers les photographes de la Nouvelle Vision : plongées, contre-plongées, quelques photomontages, culte du corps tel qu’on le retrouve chez André Steiner ou Pierre Boucher par exemple.

Les sept albums constituent un témoignage extrêmement rare de l’émancipation homosexuelle à partir des années 20 en Europe. Berlin était la capitale européenne du milieu homosexuel entre-deux-guerres, phénomène du à la présence de centaines de bars, cabarets, d’associations homosexuelles ainsi que par l’édition de deux magazines, Die Freundin (La petite Amie) et Garçonne. 
En France, les démarches étaient plus individualistes, mais des personnalités comme Marcel Proust ou André Gide (publication de Corydon en 1924) contribuèrent, aux travers de leurs œuvres, à faire connaître l'homosexualité au grand public. 
En Suisse, plusieurs initiatives viseront à organiser les homosexuels entre eux et à lutter contre l'homophobie. Après plusieurs revers, le Schweizerische Freundschafts-Bewegung (Mouvement suisse de l'amitié) est créé à Bâle et Zurich en 1931. Le premier magazine homosexuel de Suisse, Das Schweizerische Freundschafts-Banner (la Bannière de l'amitié) paraît le 1er janvier 1932 et bénéficie à partir de 1934 de la participation active de l’acteur Karl Meier, dit Rolf (1897-1974).

Cet ensemble constitue pour le musée une opportunité d’enrichir ses collections par un exemple rare, peu ou pas représenté dans les collections publiques, d’albums autour de l’homosexualité, thématique absente du musée jusqu’à présent.