Robert Burley
The Disappearance of Darkness
12 10 2013 ... 02 02 2014

 

L’argentique se meurt, l’argentique est mort. La technologie numérique a fait basculer la pellicule photographique dans le domaine de l’histoire et du patrimoine. Sa disparition a entrainé celle de toute la logistique industrielle et commerciale qui en assurait l’exploitation : usines, bureaux, studios, boutiques… Tout espace aujourd’hui déserté et voué à la destruction.
Le Canadien Robert Burley est parti dès 2005 à la découverte de ces lieux aujourd’hui vides, où semblent encore flotter le bruit des machines et des conversations. S’intéressant dans un premier temps à Kodak, il fixe les espaces désertés de l’usine de Toronto, les implosions médiatisées des usines historiques de Rochester et de Chalon-sur-Saône, avant de porter son attention sur d’autres fabricants : Agfa-Gevaert, Ilford, Polaroid…
Au-delà de la simple immortalisation de lieux emblématiques, les images de Robert Burley racontent la disparition d’une culture matérielle de la photographie.

L’exposition «Robert Burley, The Disappearance of Darkness » s'inscrit logiquement dans la continuité de celle que le musée avait proposée en 2012 autour des œuvres de Michel Campeau, un autre Canadien, qui inventoriait par l'image les dernières chambres noires de la planète.
Robert Burley documente depuis plusieurs années la fin de l'argentique à travers la désaffectation et la destruction des usines de fabrication de films. L'exposition, conçue en partenariat avec le Ryerson Image Centre (Toronto), se concentre sur le moment historique où les changements technologiques ont irréversiblement redéfini le medium photographique. The Disappearance of Darkness traite de la disparition assez brutale d'une industrie centenaire. En 2005, Robert Burley recevait l'autorisation de photographier l'usine Kodak de Toronto, un complexe industriel dédié à la fabrication des pellicules, papiers et équipements photographiques divers. Durant un an, il a fixé l’abandon et la démolition de l’usine de Toronto, avant de se  tourner vers d'autres fabricants dont les usines fermaient elles aussi progressivement : Kodak France, Agfa-Gevaert, Ilford, Polaroid. En 2007, il assistait à l'implosion de l'usine Kodak de Chalon-sur-Saône, ultime présence de la marque en France.
Photographe explorant habituellement les thématiques du paysage et de l'architecture, Robert Burley s’est naturellement intéressé ici à l’aspect compact de bâtiments dont l’architecture particulière permettait une production industrielle de masse. Les vues extérieures présentent des structures monolithiques imposantes et sans fenêtres, dénuées de toute présence humaine et de mouvement. Ces usines fantômes semblent avoir subi le feu nucléaire. A travers le vide et le silence, ces tableaux photographiques évoquent les conséquences économiques dévastatrices résultant de la révolution numérique.

Robert Burley (né en 1957) est professeur à l'Ecole des arts de l'image (Ryerson Université, Toronto).

Exposition présentée en collaboration avec le Ryerson Image Centre, Université Ryerson, Toronto, Canada.
Commisariat : Gaëlle Morel, Conservatrice pour les expositions, Ryerson Image Centre.

Un ouvrage en anglais accompagne l'exposition:
Robert Burley, The Disappearance of Darkness: Photography at the end of the analog era
Princeton Architectural Press, 2012
160 pages
isbn: 978-1616890957