Lamia Joreige
And the living is easy
Variations autour d'un film
15 10 2016 ... 15 01 2017

Artiste plasticienne et cinéaste libanaise, Lamia Joreige utilise des documents d’archives et des éléments fictifs pour réfléchir aux relations entre les histoires individuelles et l’histoire collective. Elle explore les représentations des guerres libanaises et leurs conséquences. Beyrouth est au centre de son imagerie.
Avec l’exposition « And the living is easy – Variations autour d’un film », Lamia Joreige propose une installation en trois parties autour de son long métrage réalisé à Beyrouth en 2014. A travers le quotidien mis en scène de cinq personnages, Lamia Joreige réalise un portrait en creux de sa ville natale : entre beauté des images, apparente douceur de vivre et angoisse de l’instabilité politique au Proche-Orient.

Les changements politiques, sociaux et urbains de Beyrouth, depuis les années 90 jusqu’à aujourd’hui, ont transformé la ville et l’expérience d’y vivre. Depuis dix ans, Beyrouth, est comme en suspens, figée dans un présent qui empêche toute projection dans l’avenir, dans l’attente d’une résolution des conflits du pays mais également de ceux de toute la région. Cet état est au cœur de mon long-métrage And the living is easy réalisé en 2014 qui sera projeté quotidiennement dans l’exposition.

Quelles questions se posent lorsque l’on passe de l’espace de projection à celui d’exposition? Que se passe-t-il dans le processus de pensée d’une œuvre de sa genèse à sa réalisation et inversement après la réalisation de celle-ci lorsque l’on la décortique, la repense et la réinvente?

L’installation And the living is easy – Variations autour d’un film interroge la fabrication de mon long-métrage And the living is easy [2014], et les possibilités de formes qu’il crée. Elle se déploie en trois temps ou Partitions [Le scénario , La bande-son  et La cartographie d’un film ] qui reconfigurent le matériau du film, l’espace et la durée dans le lieu d’exposition.

Le scénario de And the living is easy n’a jamais existé. Le tournage qui a eu lieu en 2011, était entièrement basé sur l’improvisation, les scènes étant inspirées par des lieux dans la ville et les désirs des personnages, qui pour la plupart, n’étaient pas des acteurs et qui tous y jouaient leur propre rôle.

L’image-texte Partition I est un document rédigé a posteriori d’une œuvre dont elle documente l’intégralité du matériau, du tournage à la réalisation, en transcrivant les scènes du film, qu’on peut lire dans l’ordre du montage, ainsi que les prises de ces mêmes scènes, qui n’ont pas été choisies, et également les scènes filmées, mais qui n’ont pas été retenues au montage final.

Le tapuscrit présenté sous forme d’une frise de 15 mètres met en évidence le processus de création tout en ouvrant à un imaginaire spéculatif et en proposant une multiplicité de lectures.

Partition II , la bande-son, est une installation sonore, qui interroge la notion de bande-son au cinéma en déconstruisant celle du film pour la recomposer sous une autre forme, avec une autre sonorité et dans une autre spatialisation.
Le pari est de ne travailler strictement qu’à partir de sons du film [hors dialogues], sans aucun ajout donc sans utiliser d’instrument extérieur, analogique ou électronique, mais en jouant de la vitesse, la réverbération, le spectre et la texture des sons.

Partition III reprend le principe d’une frise historique murale afin de réfléchir à ce qui s’est passé à Beyrouth entre le tournage du film et aujourd’hui, sur les plans sociologique, politique, historique, humain et géographique ; à ce qui s’est passé entre ces deux présents. Le film devient le prisme par lequel j’observe cette période, et sa géographie devient l’axe principal d’un montage fait de photographies, vidéos, textes, annotations personnelles, articles de journaux, où le réel et l’imaginaire se confondent pour raconter des histoires – faits divers, mouvements civiques, historiques, ou récits imaginés – nous en proposant une lecture non linéaire. Ici comme dans mon travail antérieur, la question de l’histoire et de ses récits possibles est centrale.

Comme un prélude à l’installation principale, Beyrouth 1001 vues , le 2e chapitre de Beyrouth, Autopsie d’une ville [2010], sera présenté dans l’exposition. S’inspirant de l’idée du palimpseste, cette vidéo, faite de photographies de plusieurs époques, intègre différents éléments temporels, pris dans un incessant mouvement d’absorption, d’effacement et de reconfiguration.

Lamia Joreige

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