Michel Campeau

Dans la chambre noire

16 06 ... 16 09 2012

 

A l’heure où le numérique a définitivement supplanté la technique argentique en photographie, Michel Campeau (né en 1948) est parti à la recherche des dernières chambres noires existant encore dans le monde.
De 2005 à 2009, il inventorie et photographie tel un anthropologue ces lieux amenés à disparaître. Il documente ainsi la fin d’une technologie, d’une époque qui a construit en partie la photographie. Il décortique les chambres, en montre les fragments significatifs, usant du flash et jouant de la couleur pour souligner la valeur esthétique de ces objets patinés par l’usage.

La photographie a été inventée au nom du progrès et n’a dès lors cessé d’évoluer, de se perfectionner. Aujourd’hui, la technologie numérique a pris le pas sur la technique argentique. Les imprimantes, cartouches d’encre, ordinateurs et autres logiciels de retouche de l’image ont peu à peu remplacé le laboratoire de développement, sa lumière inactinique, sa chimie… L’artisan tireur a laissé la place à l’informaticien spécialiste du pixel.

Comme toute chose vouée à disparaître, les chambres noires dégagent aujourd’hui un parfum de nostalgie. Celles que Michel Campeau a dénichées à travers le monde sont les vestiges quasi archéologiques d’une époque qui a construit en grande partie la photographie. L’artiste en dévoile la beauté comme la trivialité, en montre la dimension mécanique et l’aspect bricolé. Il explore un fouillis apparent qui ne parle qu’aux seuls initiés.

Armé d’un appareil numérique, pied de nez aux défenseurs conservateurs de l’argentique, il fixe l’obsolescence des lieux, la patine des objets qui en fait toute l’esthétique. Il cadre, s’approche, flashe et met ainsi en valeur des couleurs et des formes inattendues, parfois proches de l’abstraction.
Objet photographique, la série documente l’histoire de la photographie.

 
 

Michel Campeau / Biographie :

Les travaux de Michel Campeau jalonnent les quatre dernières décennies de la photographie contemporaine. Soucieux de les inscrire dans une intériorité allant à contre-courant du médium et en rupture avec les conventions formelles du documentaire, ses œuvres expérimentent les dimensions subjectives, narratives et ontologiques de la photographie.

En 1994, Michel Campeau remporte le Prix international de la photographie d’Higashikawa au Japon. Un survol rétrospectif intitulé Les images volubiles – Travaux photographiques, 1971-1996 a été organisé par le Musée canadien de la photographie contemporaine. Plein Sud, Centre d’exposition en art actuel à Longueuil a présenté en 2004 les œuvres du corpus Arborescences. Beauté et paradoxes. Publiée en 2007, la monographie DARKROOM a été le premier ouvrage de la collection Parr/Nazraeli Press et ses recherches ont fait l’objet d’un dossier dans le magazine newyorkais Aperture. La photographie reproduite en couverture fait partie du programme Limited-Edition Photographs de la Fondation Aperture. Ses travaux sur l’obsolescence de la chambre noire ont été sélectionnés par Martin Parr pour l'exposition New Typologies présentée au New York Photo Festival à Brooklyn en mai 2008 et ils seront vues en juillet 2010 dans la programmation officielle des Rencontres d’Arles.

Maintes fois récipiendaire de bourses de recherche et de création, Michel Campeau a reçu la Bourse Jean-Paul Riopelle octroyée par le Conseil des arts et des lettres du Québec en 2009-2010 et il est l’actuel lauréat du prix du Duc et de la Duchesse d’York en photographie alloué par le Conseil des Arts du Canada. Son travail est le sujet de plusieurs ouvrages monographiques et articles. L’artiste est représenté par la Galerie Simon Blais à Montréal et ses œuvres font parties des plus importantes collections muséales et institutionnelles.

Michel Campeau est né en 1948. Il vit et travaille à Montréal, Québec, Canada.