Parmi les nombreuses pratiques de la photographie, la photographie industrielle occupe une large place depuis l’invention du médium. Pour certains praticiens, elle constitue le secteur d’activité principal, voire unique tels Paul Martial ou André Papillon. Pour d’autres, comme Jean-Pierre Sudre, il s’agit d’une activité « alimentaire », suffisamment rentable, surtout durant les Trente Glorieuses, pour financer une pratique artistique en parallèle. Brochures, plaquettes, livres de prestige destinés aux meilleurs clients ou aux cadres dirigeants, autant de supports pour promouvoir et vendre et la photographie occupe une place centrale dans le dispositif dès la fin du 19e
siècle. Aujourd’hui, alors que la globalisation et le libre échange ont déstabilisé le monde industriel et que les chaines de production ont été délocalisés, les photographes, tels Claire Chevrier ou Stephen Dock, usent du médium pour questionner le geste ouvrier ou le devenir des architectures industrielles désormais obsolètes.
L’exposition retracera cette longue histoire de la représentation de l’industrie par la photographie, de Petiot-Groffier photographiant ses usines au milieu du 19e
siècle à l’effervescence de productions imprimées des Trente Glorieuses, des premiers livres d’entreprise du début du 20e
siècle aux regards contemporains sur un monde désormais, sinon révolu, du moins implacablement abimé.