1925-1935
une décennie bouleversante
26.10.2019 ... 19.01.2020

"En attendant, nous pouvons nous dire : tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre."
Sigmund Freud, 1932

Illustrer les bouleversements esthétiques en France entre 1925 et 1935 est une gageure tant les références sont nombreuses et variées. La photographie est pour encore très peu de temps en noir et blanc mais l’instantané y installe le goût du mouvement, et ce qu’elle saisit explose en réalité de couleurs. 1925-1935 est une décennie où l’ivresse de la fête se mêle à l’angoisse de l’avenir : dix années suspendues, magiques, bouleversantes dans leur fragilité et dans leur inventivité.

Après la Première Guerre mondiale et avant la Seconde, la montée vers l’élection du Front populaire est marquée par l’euphorie d’un conflit laissé derrière soi et une démocratisation de la société où chacun espère bénéficier des mutations en cours. Les révolutions stylistiques d’un temps où les arts travaillent ensemble matérialisent la transition : que ce soient la presse, la littérature, la mode, la musique, le théâtre, la danse, toutes les manières de dire et de faire changent et l’époque fait une place immense à la photographie comme témoin de ses bouleversements.

Un nouveau monde de papier se déploie : les éditeurs de presse se font éditeurs d’art, les industries publient de somptueux magazines. Les imprimeurs valorisent à l’envi leurs machines modernes et les nouvelles techniques d’impression en montrant des travaux d’artistes, d’illustrateurs et de photographes. Après la horde dispersée des publications du XIXe siècle, la presse se réinvente avec des figures comme Lucien Vogel, Alexey Brodovitch, Florent Fels, Michel de Brunhoff, Jean Prouvost, Gaston Gallimard, Roger Tolmer… jusqu’à Diana Vreeland qui rencontre pour la première fois Chanel à Paris en 1926.

Les écrivains sont mis à contribution, usant et abusant de pseudonymes pour publier des reportages sérieux sur le monde tel qu’il va, aussi bien que des romances, voire commenter des faits divers. La composition des pages est calibrée pour attraper le lecteur. Les photographies sont recadrées, retouchées la plupart du temps mais signées le plus souvent, valorisant une réelle politique d’auteurs photographes.

Entre l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes en 1925 et l’arrivée au pouvoir du Front populaire, printemps 1936, la France a changé de visage. Le fameux « style français » cher à Jean Cocteau est bouleversé du point de vue esthétique et intellectuel. L’Exposition universelle de 1937 conclut cette parenthèse dite dorée. Elle s’accompagne, hélas, de la montée des nationalismes, sonnant la fin d’une décennie, qui s’est voulue oublieuse et gracieuse, moderne et chic et dont le style élégant et sobre perdure jusqu’aux années 1950.

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La presse

Du début des années 1920 à la fin des années 1930, des centaines de périodiques naissent et meurent en France, tous illustrés par la photographie.

Les publics auxquels les éditeurs « vendent du papier » sont si divers que la presse propose tous les genres : politique, mode, chasse, tourisme, gastronomie, cinéma ou érotisme, voire tout ensemble !

La variété de titres est sans égale avec les époques précédentes. Les unes sont très attractives, les numéros spéciaux sont légion, les photomontages se multiplient, tenant rarement compte du droit moral des auteurs photographes…

La presse foisonne d’idées et d’énergie, et les dizaines de milliers de pages publiées par semaine expriment autant le talent des directeurs artistiques que celui des journalistes et des photographes. Les investisseurs du secteur font fortune ou faillite en quelques années, choisissant des écrivains et des reporters à qui ils donnent des moyens parfois insensés pour aller chercher le sujet qui fera le succès de leur titre. Un succès court, mensuel au mieux, tant la production galopante pousse les titres à peine parus vers la sortie.

Les kiosquiers peinent à montrer tout ce qui paraît, ils empilent, classent par genre ou les mélangent comme ils peuvent pour tirer l’œil des passants.

Les photographes, pigistes plus que salariés, s’organisent et fondent les agences photographiques telles qu’elles perdureront jusqu’aux années 1990, agences qui livreront les plus belles pages du photojournalisme et imposeront la reconnaissance des photographes comme auteurs.

Aux agences Rol, Harlingue et autres Nadar succèdent en effet les France Presse, Fulgur, Rapho, Alliance, Agip… Le studio Manuel frères fait le pont entre deux époques, louant un immeuble entier rue du Faubourg Montmartre et offrant aux revues à la fois ses archives et sa production du jour.

Malgré l’omniprésence de la photographie dans la presse (et ce quelle que soit l’obédience politique des titres) et bientôt dans l’édition, les photographes vivent toujours chichement ; ce ne sont d’ailleurs pas les journaux qui les font vivre mais la publicité et les commandes d’entreprises.

Par exemple, la revue Art et Médecine des laboratoires Debat, met à égalité dans ses pages auteurs écrivains et auteurs photographes, faisant pour beaucoup dans l’idéal esthétique de la période et sa postérité ; un imprimeur comme Draeger « joue » avec les travaux photographiques, variant autant ses papiers que ses types d’impression dans ses numéros annuels, rendez-vous à la fois techniques et plastiques des professions concernées par « l’image ».

Les typographes, graphistes, imprimeurs et relieurs offrent en effet des débouchés esthétiques et décoratifs inattendus et parfois inespérés à la photographie ; sans oublier les artisans d’art et les décorateurs, Edgar Brandt en tête, qui organisent des expositions de photographies et utilisent celle-ci sur leur mobilier.

Comme le dit Carlo Rim dans la revue l’Art vivant en novembre 1930 (page 870) :

« La photographie a été inventée deux fois. D’abord par Niépce et Daguerre ; il y a environ un siècle, ensuite par nous. »

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Le monde tel qu'il est 

"L’Europe me fait songer à un objet qui se trouverait brusquement transposé dans un espace plus complexe […] les prévisions que l’on pouvait faire, les calculs traditionnels sont devenus plus vains que jamais ne l’ont été."
Paul Valéry, 1931

Au-delà de l’audace rythmée du jazz, de la vitesse et des lumières pailletées, la décennie 1925-1935 se raconte aussi à l’aune de mutations sans pareille. La guerre a ravagé la terre, épuisé les humains, laminé une, deux, voire trois générations, mais les progrès techniques qui découlent des conflits se surpassent au début des années 1920, dans une dynamique incontestable. Fort de ce que le monde croit avoir dépassé, il s’imagine d’une envergure infinie, oubliant au passage de considérer sa part d’ombre. 

Reconstruire, relancer l’économie, la tâche est incommensurable et les belles automobiles côtoient la misère. Le logement et le travail sont les grandes affaires du temps, assorties d’une préoccupation sanitaire aussi bien de la part des services publics que des associations. 1925-1935 voit éclore des programmes architecturaux d’une ampleur nouvelle qui visent à rendre à l’homme sa dignité et à la famille son confort. Les styles sont volontairement épurés, loin des folklores historicisants du siècle passé. Artistes, architectes et artisans, les arts se lient pour améliorer le quotidien, œuvrant sur le plan social en vertu de valeurs que l’on veut morales.

En même temps que les villes voient les immeubles croître et la misère tenter d’être jugulée, les photographes et les revues témoignent des conditions de vie des personnes dans le besoin. C’est la naissance du reportage de proximité, avec ce qu’il contient de familiarité, de douceur parfois, de frontalité souvent, voire d’une poésie étrange. Ses auteurs pensent sincèrement témoigner d’un temps condamné à disparaître, comme si les pauvres et les zones de non droit des années 1930 étaient les derniers.

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Plus haut, plus vite, plus loin

"Aimons la vitesse qui est le merveilleux moderne mais vérifions toujours nos freins."
Paul Morand, 1929

Automobile, train, aéroplane, canot à moteur, paquebot… l’industrie fourmille d’inventions et livre chaque semaine ou presque un nouvel engin permettant d’aller plus loin, plus haut et surtout plus vite. Les constructeurs savent mettre en avant leurs machines en participant aux croisière noire (1924-1925) et jaune (1931-1932), en organisant des rallyes, des courses, des concours d’élégance et des spectacles. Ainsi, les ethnologues que sont Georges-Henri Rivière, Paul Rivet ou Marcel Griaule, font partie égale dans la promotion des voitures avec Albert Londres, la miss du mois ou Erika et Klaus Mann qui voyagent grâce aux usines Ford.

Pour ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas voyager, les lointains viennent à eux mais l’Exposition coloniale de 1931 se révèle une extraordinaire démonstration de puissance et de naïveté.

Les ethnologues publient à leur retour de voyage mais ce qu’ils disent du monde et des colonies ne correspond pas aux visées des politiques et des industriels. La « foire » s’organise à travers des reconstitutions qui séduisent l’œil et attirent le chaland pour lequel tout est organisé, du décor à la mise en place des « figurants ». Les procédés scénographiques des expositions coloniales finissent ironiquement par installer des stéréotypes ethnocentriques qui vont, via l’architecture coloniale, impacter les pays dont ils sont supposés être issus.

En même temps qu’il voyage, « l’homme occidental » chérit le sport et les démonstrations de force. Là aussi, concours et spectacles se multiplient. Le sport vise une ambition totale, hygiéniste, militaire, éducative et politique. Exposer et magnifier les corps en photographie prend une importance quasi « antique » comme en attestent la presse et l’édition.

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Tous en fête !

"La mort, partout présente, donne du style à la vie."
André Suarès, 1934

La décennie voit se télescoper les genres. Les salles de spectacle offrent les Pitoëff et Barbette, Berthold Brecht et Sacha Guitry, Arthur Honegger et André Messager… En résumé, il faudrait s’imaginer regarder Le Sang d’un poète  , épure filmique de Jean Cocteau (1930) sur l’air de Qui a peur du grand méchant loup  par Georges Milton (1933-1934).

Lev Koulechov invente le montage cinématographique, technique rendue fracassante par Sergueï Eisenstein dans Potemkine  en 1925. Les cinéastes russes apportent aux années 1920 un genre nouveau, la révolution visuelle est en marche. Le théâtre voit naître en 1928 un duo mémorable, celui de Jean Giraudoux et de Louis Jouvet qui montent Tessa  (1934), La Guerre de Troie  n’aura pas lieu  (1935) ou Supplément au voyage de Cook  (1935).  De l’autre côté de l’art dramatique, Fanny  de Marcel Pagnol devient un film, avec Orane Demazis dans le rôle-titre et Harry Baur dans celui de César.

Le grand intermédiaire entre les gens et les genres que fut Jean Cocteau serait l’ambassadeur idéal de la décennie. Les rangs de l’armée de l’art sont fournis, intrigants par leur variété même : pas de frontière entre l’opérette Pas sur la bouche  (1925) de Maurice Yvain et les ballets de Kurt Joos, Maurice Ravel et Maurice Chevalier fréquentent le Cotton Club quand ils vont à New York. Des liens forts se nouent entre réalisateurs de cinéma, artistes et couturiers. Paul Poiret collabore avec Marcel L’Herbier pour L’Inhumaine  en 1924 et Henri Diamant-Berger pour Education de prince  en 1927.

La musique n’est évidemment pas en reste dans les cabarets et sur les plages, et la « bande son » de la décennie est évocatrice, des Roses blanches  (1925) à Tout va très bien Madame la marquise  (1935), les succès de l’époque sont souvent passés à la postérité : Tea for two  (1925), Ol’man river  (1927), I can’t give you anything but love  (1928), Singin’ in the rain  (1929), J’ai deux amours  (1930), Plaisir d’amour  (1931), 42nd street  (1932), Santa Claus is coming to town  (1933), Prosper yop la boum  (1935)… Le monde est en tension, la musique apaise ou embrase les cœurs.

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Féminin, féminité, féminisme

"Aujourd’hui où l’industrie subit une crise qui ira sans doute en s’accentuant pendant quelques temps encore, on prépare sournoisement l’élimination progressive des femmes. La galanterie et les bonnes manières sont réservées pour celles qui n’ont pas besoin de gagner leur vie."
Cécile Brunschvicg, 1931

Ni commencement, ni bouleversement émancipateur, la Grande guerre est un accélérateur des mutations en cours. Le travail dans les usines de munitions payait le double des bas salaires féminins mais une femme y gagnait toujours moins qu’un homme (50% en 1913, 75% en 1917). En 1919, le baccalauréat est enfin accessible aux jeunes filles, elles entrent à l’université et concourent aux grandes écoles. Au-delà des midinettes et des « munitionnettes » qui amorcent les mouvements de contestations, les femmes accèdent à de nouveaux métiers, transports et administrations mais aussi à des emplois dans le secteur bancaire et aux professions libérales.

Dans les grandes villes, la mode suit l’esprit : les jupes raccourcissent, les corsets s’allègent et la nuque pointe sous le petit casque brillant des garçonnes, les parfums changent et Shalimar de Guerlain chavirent l’année 1925. Les femmes sortent sans chaperons, dansent, fument en public, conduisent des automobiles, portent des pantalons extra larges à la place et se montrent faisant du sport. Les figures qui s’émancipent, étonnent ou font un tabac, comme Nancy Cunard, Tamara de Lempicka ou Youki Desnos sont pour beaucoup issues de milieux privilégiés et ces nouvelles femmes « fatales » ne tardent pas à être instrumentalisées avec La Garçonne de Victor Margueritte et le grand succès de La Madone des sleepings de Maurice Dekobra.

Soi-disant scandaleuses et libérées, les femmes, dans la réalité, continuent de se voir maintenues aux rôles traditionnels. Suite à la guerre, beaucoup sont privées de leur travail et renvoyées dans leur foyer quand elles en ont encore un. Dans l’ébullition de l’après-guerre, les cabarets, les concerts nus, la presse et les magazines font recette avec la nudité des « traînées » aussi bien qu’avec celle des « ingénues ».  Le corps féminin, exploité à tout va, appâte le chaland sur les affiches des lieux de spectacles et les kiosques des journaux.

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Le goût du beau

"L’ampoule électrique est une nouvelle orchidée."
Jean Cocteau, 1920

Voiture, voilier ou canot à moteur, tennis, randonnée, ski, charleston, fox trot et transatlantique, impossible que le style ne suive pas !

La mode se renouvelle avec Jeanne Lanvin puis Madame Grès, les bijoux de Chanel perdent en volutes ce qu’ils gagnent en simplicité. La publicité attise la convoitise des consommateurs, offrant annonces humoristiques et promesses délirantes à des lecteurs qui veulent oublier les privations passées. Helena Rubinstein ouvre un institut fréquenté par les classes aisées qui fait rêver les midinettes en ces temps où la grande consommation n’existe pas encore.

Les femmes en robes faussement droites de Madeleine Vionnet dans des manteaux kimono sont accompagnées de messieurs en costumes de sports ou en smokings impeccables. La silhouette idéale à Paris serait celle de Nathalie Paley habillée par Lucien Lelong, dans un intérieur décoré par Jean-Michel Franck, écoutant du Cole Porter ou lisant François Mauriac…

L’époque est forte de styles et de figures qui durent, qu’il s’agisse des angles et des couleurs primaires de Mondrian ou du flair hallucinant de Peggy Guggenheim. Cette période voit même naître les super héros puisque Superman débute en 1933.

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L’infini esthétique ou la conjugaison des arts

"Aujourd’hui où l’industrie subit une crise qui ira sans doute en s’accentuant pendant quelques temps encore, on prépare sournoisement l’élimination progressive des femmes. La galanterie et les bonnes manières sont réservées pour celles qui n’ont pas besoin de gagner leur vie."
Jean Cocteau, 1931

Il faudrait pouvoir décrire un feu de joie qui durerait dix ans… Littérature, théâtre, peinture, sculpture, mode, décoration, danse, poésie, musique, tout se parle et tout se répond, les compartiments ne sont plus étanches et c’est tant mieux !

La danse classique voit s’épanouir des danseurs renversants comme Serge Lifar, la musique anime tout autant l’opéra que les bals populaires où les chansons de Maurice Chevalier, Fréhel ou Ray Ventura sont reprises en chœur. Le théâtre Pigalle propose des spectacles autant que des expositions d’arts premiers. De grandes figures comme Marinetti, Pompon, Cocteau ou Honegger occupent les plus belles pages des magazines modernisés par des mises en pages novatrices et l’utilisation intense des photographies. L’intérêt pour la typographie est immense avec trois figures de proue : Alexey Brodovitch qui change chaque mois le style du titre d’Harpers Bazaar, Maximilien Vox dont la couverture sobre à l’excès de L’Or de Blaise Cendrars chez Grasset fait date [1925] et évidemment le génie de Cassandre. Salvador Dali publie « De la boté terrifiante et comestible de l’architecture modern-Estyle », dans l’immense revue Le Minotaure en 1933. Il y flatte les « formes libidineuses » de l’art nouveau contre le « vide onirique » de Le Corbusier, le tout illustré par Man Ray et Brassaï…

Un crépitement ininterrompu de créations occupe le ciel pendant ces dix années, un feu d’artifice avant l’orage.

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La guerre n’aura pas lieu…

"[…] la paix d’aujourd’hui ne fait songer qu’à une sorte d’équilibre des faiblesses, nécessairement plus instable."
Paul Valéry, 1931

Rarement il y eut autant à lire et à regarder qu’en cette décennie.

Réputée brillante voire clinquante, l’époque est en réalité d’une hauteur intellectuelle et novatrice peu commune. Dans la presse et les magazines, avec la photographie, les idées s’exposent : politiques, syndicalistes, écrivains, groupes « révolutionnaires », religieux, ligues de vertus et chantres du naturisme, tout le monde s’enflamme et s’apostrophe par article ou ouvrage interposé. Les duels sont verbaux, nombreux, et parfois verbeux.

Le souhait d’un « retour à la tradition » pour oublier l’horreur de la guerre est partagé par tous. Pour autant, ce Retour à l’ordre  n’est en rien une volonté de mise au pas du monde. Cette notion, titre d’un recueil d’articles publié par Jean Cocteau en 1926, mal passée à la postérité, exprime l’envie pacifique d’un retour à l’ordre tranquille des choses. Elle exprime l’attente de pouvoir à nouveau jouir du jour, de retrouver un monde d’une beauté variée, androgyne et complémentaire. Mais il est vrai que fiers ou ridicules, les manifestes en faveur de la clarté française et du classicisme patriotique se multiplient, et que la déformation du propos d’origine est inéluctable.  

La photographie montre ce parcours lumineux qui débouche sur la nuit la plus noire. Elle a appris à révéler la vérité du monde, à le poétiser, voire à le dramatiser. Les photomontages d’Alexander Liberman font les trois à la fois, tour de force intellectuel et esthétique s’il en est, prouvant que comme témoins de leurs temps, la presse et la photographie sont incontournables.

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