L'illustration photographique


Photographie et édition vont de pair depuis l’origine. Une fois posés les principes de sa reproduction et de son impression dans les années 1880, la photographie remplace progressivement le dessin et la gravure dans l’illustration des livres et des revues. Elle est perçue comme un outil puissant et persuasif pour inventorier et cataloguer tous les champs de la connaissance. Le support imprimé, le livre, la presse, deviennent au 20ème  siècle les vecteurs principaux de la diffusion des idées et des modes de vies par l’image. Se substituant au texte, la photographie est considérée par un public avide d’images, comme le document de référence des ouvrages illustrés. Les photographes illustrateurs sont peu à peu reconnus comme auteurs et le souci esthétique dépasse parfois la simple fonction documentaire.

Sciences et vulgarisation

Grâce à son apparente objectivité, la fonction documentaire de la photographie est idéalisée. Elle permet le développement de nouveaux domaines scientifiques en révélant des choses et des processus cachés jusque là à l’œil humain : réduire l’espace et le temps, voir plus et mieux (radiographie, chronophotographie, astronomie, médecine, photographie aérienne, photocartographie, microphotographie, anthropométrie, etc.) La photographie sert aussi les ambitions d’instruction universelle d’éditeurs comme Larousse, Hachette, Nathan, Firmin-Didot, encouragés par les lois Ferry sur l’école de 1881-1882. La diffusion des connaissances, la vulgarisation scientifique et technique passent par la multiplication des manuels scolaires, des encyclopédies, des dictionnaires, des collections spécialisées. La photographie prouve son potentiel pédagogique et devient l’instrument idéal d’éducation populaire.

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L’essor de la presse

La presse illustrée connait un essor considérable grâce à une conjoncture économique et culturelle favorable (notamment les lois de 1881 sur la liberté d’expression). La vitesse de traitement de l’information et de l’événement, l’instantanéité des photographies qui les illustrent conquièrent un lectorat « de masse ». Des périodiques spécialisés apparaissent (mode, sport, photojournalisme, cinéma, grivoiserie, etc…), séduisant et fidélisant des publics passionnés et ciblés.

 

La « chose à voir »

La photographie sert et accompagne le développement du tourisme et sa démocratisation, en renouvelant le regard porté sur le monde. Les guides de voyages sont désormais richement illustrés, comme chez Hartmann, Hachette, Alpina, ou Horizons de France. La photographie valorise aussi les beautés pittoresques de la France, son patrimoine, sa richesse culturelle. Elle illustre les récits régionalistes et contribue à la célébration des « petites patries ». Les éditions Arthaud, spécialisées en tourisme, voyage, aventures et explorations sont les premières à utiliser l’héliogravure en France, dans les années 1920. Les guides deviennent des albums, des beaux-livres, ou la qualité des photographies et de leur reproduction, rivalisent parfois avec l’exigence littéraire